DynPG : un score pronostique dynamique de l’échec de greffe 

avril 10, 2024 - Adèle Lefeuvre

DynPG représente une avancée significative dans le domaine de la transplantation rénale permettant aux équipes de soins de communiquer plus objectivement et de manière dynamique aux patients sur le risque d’échec de greffe. 

Pr Magali Giral (Néphrologue au CHU de Nantes), Sandra Gaboriau (Infirmière au CHU de Nantes) et Pr Etienne Datan (Chercheur au laboratoire INSERM UMR 1246 SPHERE), acteurs clé de ce projet, nous en parlent. 

Pouvez-vous nous faire une brève présentation du projet DynPG ?

Nous avons développé en 2010 le score KTFS (Kidney Transplantation Failure Score) en collaboration avec l’UMR 1246 INSERM - SPHERE (MethodS in Patients-centered outcomes and HEalth ResEarch) et plusieurs centres de transplantation français du réseau de recherche DIVAT (www.divat.fr). 

Le KTFS a été le premier score pronostique du risque d’échec de greffe validé dans le cadre d’un essai clinique (Clinical Trial Registry NCT01615900, 2011). Ses propriétés discriminantes permettent de qualifier avec confiance si un patient à la fin de sa première année de greffe sera « à fort » ou « à faible » risque de perdre son greffon dans les 8 ans qui suivront (Foucher et al., KI, 2010). L’un des objectifs du KTFS était d’améliorer l’orientation du parcours des patients en fonction de leur risque d’échec de greffe (fréquence de consultation, examens complémentaires,…).

Plus récemment, une recherche portant sur les données de 2589 de la cohorte observationnelle DIVAT, a permis de faire évoluer le score KTFS. Toujours en collaboration avec les chercheurs en biostatistique de l’UMR 1246 – SPHERE, nous avons développé et validé le score DynPG (Dynamic prediction of Patient and kidney Graft survival) (Fournier et al., NDT, 2019 ; Lenain et al., Transplantation, 2021). 

Il s’agit d’un score pronostique dynamique de l’échec de greffe correspondant à la probabilité de ne pas avoir un échec de greffe dans une fenêtre de cinq ans suivant le temps de prédiction. 

Calculé à partir de paramètres cliniques et biologiques du patient transplanté disponibles à un an post-greffe (rang de la greffe, âge du patient, antécédent cardiovasculaire, immunisation pré-greffe anti-HLA de classe I, survenue d’au moins un rejet aigu dans la première année post-greffe, et niveau de créatinémie à 3 mois post-greffe) et des mesures longitudinales de créatinémie. Dans le cadre d’une thèse CIFRE de biostatistique (Lucas Chabeau) encadrée par E.Dantan (MCU de biostatistique, SPHERE) et financée et co encadrée par l’entreprise Sêmeia (Pierre Rinder), la version 2 du DynPG est en cours de préparation. 

Cette version intègrera d’autres paramètres du suivi des patients au cours du temps (DSA post-greffe en priorité) ce qui devrait améliorer les performances pronostic du score DynPG à chaque remise à jour au cours du suivi du patient. Alors que le KTFS peut être utile comme outil d’aide à la décision médicale pour mieux orienter le parcours des patients, le DynPG, est un nouvel outil pronostic, qui a pour vocation d’être destiné aux patients dans une vision des soins centrée sur le patient, où il devient acteur de sa santé.

Quelles sont les motivations qui vous ont amené à participer à ce projet ?

La transplantation rénale est le traitement de choix de l’insuffisance rénale chronique terminale, car elle améliore l’état de santé global des patients et leur qualité de vie. Cependant, elle nécessite l'adhésion des patients à un traitement immunosuppresseur quotidien et à des habitudes de vie pour prévenir la survenue du rejet du greffon et de comorbidités

Ainsi, l'implication des patients dans la gestion et le contrôle de leur maladie (autogestion), apparaît comme une composante essentielle des soins et semble être améliorée par la personnalisation des soins, l'éducation thérapeutique (ETP). Nous pensons qu’un score pronostique dynamique de survie comme le DynPG serait un tel outil et pourrait aider le patient transplanté rénal à mieux gérer son incertitude face au devenir de son greffon en connaissant son pronostic à un horizon de 5 ans remis à jour à chaque bilan biologique de suivi. 

Nos objectifs seraient de mettre le DynPG à disposition des médecins, des infirmières de pratique avancée et des infirmières d’éducation thérapeutique qui suivent les patients transplantés, pour leur transmettre une information éclairée sur leurs probabilités dynamiques d’échec de greffe à court/moyen terme et les aider à activer des mécanismes d’autogestion pour mieux adhérer à leur plan de soin et peut être prolonger la survie de leur greffon.

En quoi ce projet revêt-il une importance particulière ?

Ce projet est le fruit d’une recherche translationnelle qui s’étale sur plus de deux décennies en collaboration entre chercheurs biostatisticiens, épidémiologistes et néphrologues et infirmières. 

Son caractère innovant repose sur un changement de paradigme. En effet, les outils d’aide à la décision comme les scores pronostics sont généralement développés à des fins médicales pour stratifier les patients en fonction de leur risque. Le DynPG est un score à l’usage des patients permettant un accompagnement personnalisé par des soignants pour mieux les aider à puiser dans leurs propres ressources afin d’améliorer le pronostic de leur greffe.


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